Ardente·x·s de Patrick Muroni, présenté en première mondiale à Visions du Réel en avril dernier, relate l'aventure du collectif lausannois OIL Productions, actif dans la réalisation de films pornographiques éthiques. Ensemble, les membres du collectif réalisent des films X qui représentent les sexualités et les corps dans toute leur diversité. Pour son premier long-métrage, le jeune cinéaste suisse suit les aventures du collectif. Il filme les coulisses des tournages et partagent les réflexions, les prises de parole dans les médias et dans la rue et le quotidien de ses membres. Un film engagé qui questionne notre vision du désir et des sexualités, projeté en présence du cinéaste et des protagonistes.
Ardente·x·s de Patrick Muroni
(Documentaire, Suisse, 2022, 1h36, en français, 16/16) – À Lausanne, un groupe de jeunes femmes et de personnes queers d’une vingtaine d’années se lance, caméra au poing, dans la réalisation de films pornographiques. Entre leurs jobs pour certaine.x.s et leurs études pour d’autres, iels mettent tout en œuvre pour produire des films éthiques et dissidents et s’engagent dans une démarche artistique et politique menée avec joie et irrévérence. Très vite, les médias du pays, puis le public, s’intéressent au collectif. Aux yeux de tous, les voilà plongée.x.s dans un combat pour une autre vision du désir et de la sexualité.
PAtrick Muroni À PROPOS DU COLLECTIF ET DU FILM
Depuis 2018, le collectif OIL Productions questionne la représentation du sexe au travers de leurs projets. Touxtes prônent une ouverture, une éthique et une dissidence qui les amènent à penser leurs œuvres dans l’optique de démystifier les désirs inhérents à leur génération et à leur époque.
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Depuis leurs débuts, iels ont été plébiscitées par de nombreux médias et le collectif connaît un succès grandissant. Pour beaucoup de jeunes et de moins jeunes, iels ont ouvert.es un nouvel espace sur ces questionnements ainsi qu’une nouvelle voie en Suisse. L’enjeu de leurs créations n’est pas qu’artistique, loin de là. Le désir qui les pousse à réaliser leurs films est tout aussi politique, engagé et militant.
Touxtes incarnent une réelle résistance au conservatisme suisse. Iels font face au patriarcat, aux inégalités de genre à l’encontre des femmes, des personnes trans, des personnes racisées et des inégalités sociétales de manière générale. Iels n’ont pas peur de crier haut et fort qu’iels sont pornographes. Leur but? Changer les mentalités, coûte que coûte.
Bien sûr, à l’origine tout ça n’était qu’embryonnaire, et lorsque je suis arrivé pour filmer la naissance du collectif, iels avaient tout à construire. J’ai eu cette chance d’en entendre parler au tout début par une amie ce qui m’a permis de les suivre à l’origine du projet. Et très vite, l’idée de faire un film qui viendrait raconter leur histoire et dépeindre la trajectoire du collectif dans une époque en plein chamboulement s’est imposé à moi.
Le film est donc un portrait de ce groupe, où les personnages naviguent entre scènes intimistes et scènes de travail. On y voit les pornographes à l’œuvre, avec tous les problèmes et questionnements que cela peut entraîner et qui ont servi de problématique centrale au film.
Qu’est-ce que ça veut dire d’être pornographe en Suisse quand on est une femme ou une personne queer et qu’on a la vingtaine? Est-ce que notre patron peut nous virer? Comment nos parents vont réagir? Et les ami.e.s, les voisin.e.s? Et les catholiques intégristes et les féministes anti-porno? Et si on donne notre vrai nom lors d’interviews ou sur les réseaux, comment les gens vont réagir, est-ce qu’on se fera insulter, aduler? Est-ce qu’un jour on pourra en vivre? Ou est-ce que ça doit rester gratuit? Et comment payer les acteurs et les actrices?
Toutes ces questions jalonnent le film, et certaines trouvent des réponses quand pour d’autres les incertitudes se creusent. Mais une chose est sûr, ce film a été pour moi le moyen de raconter le destin de personnes quasi systématiquement invisibilisées par le système et le patriarcat.
Touxtes avaient des choses à dire, à raconter, à défendre, et le film s’est construit comme une aventure initiatique pleine de joie et liberté. Une aventure longue de trois ans où le collectif était en quête d’autres choses, d’un nouvel horizon, en quête d’amour, de plaisir, de justice et de paix, en quête de réconciliation avec les hommes aussi. Avec pour touxtes un furieux désir de vivre, avec l’envie puissante d’élever sa voix et d’expérimenter. Toujours avec bienveillance, toujours avec tendresse, mais aussi toujours avec une bonne dose d’irrévérence.
Parce que c’est peuåt-être ça avant tout OIL productions: des gens qui échappent aux normes et qui sont déjà des exemples pour beaucoup de jeunes et qui aideront très certainement les futures générations à questionner le désir, l’amour, le plaisir, les injustices et l’engagement politique.
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