Concert de Natch, précédé du film Léviathan de Verena Paravel et Lucien Castaing-Taylor
Deux
splendeurs, à en perdre les superlatifs. Pour sa deuxième soirée «Film
et concert» de la saison, le CityClub propose la projection du fascinant
documentaire Leviathan, une
expérience sensorielle et hypnotique de Verena Paravel et Lucien
Castaing-Taylor, suivie du concert immanquable de la voix oubliée du
Cap-Vert: Natch, octogénaire au talent exceptionnel qui, cet automne, foulera pour la
première fois le sol européen.
21h: Natch en concert
Natch
est un vieil homme du Cap-Vert. On dit qu’il vit sur un rond-point.
Depuis l’enfance, il chante mornas et coladeira – ces ballades
nostalgiques, fondatrices de la musique traditionnelle capverdienne que
nous a si bien fait connaître Cesária Évora. Comme elle, Natch chante
pieds nus et possède un esprit singulier, une force tranquille et une
profondeur harmonique qui émeuvent, chaloupent et enthousiasment l’âme
et le corps. S’il est très respecté dans son archipel, on ne le connaît
pas en Europe – son disque n’y est d’ailleurs pas encore distribué.
Aujourd’hui, plusieurs personnes et institutions, dont le CityClub,
travaillent à le faire connaître au-delà de son pays et organisent sa
première tournée en Europe. Natch donnera à Pully son seul concert en
Suisse – à ce jour. Un coup de cœur, tout autant que de poker. Et si
l’excitation de le recevoir entre nos murs est immense, c’est tout
simplement car sa musique a été l’une des plus belles qu’il nous ait été
donné d’entendre récemment. Natch sera, sur scène, accompagné de ses
musiciens.
Précédé à 19h du film Léviathan
(Documentaire
de Verena Paravel et Lucien Castaing-Taylor, France, Royaume-Uni,
États-Unis, 2013, 1h27, v.o. s-t fr., 16/16) – Dix caméras sont
embarquées sur un chalutier, sanglées aux corps des pêcheurs et aux
cordages du bateau. Ballottées au gré du vent et des vagues ou au milieu
des poissons à l’agonie dans les cales, elles enregistrent un réel
démesuré et sans fard, monstrueusement présent. Sans commentaire ni interview, dans un flot d’images sidérant, Leviathan, réalisé par deux cinéastes-anthropologues, transmet à la perfection le harassement physique d’une nuit de pêche et avertit des menaces de la pêche intensive autant qu’il révèle la beauté foudroyante des entrailles de l’océan...
#plus#«La puissance de la mer, la mécanique des filets, le massacre de milliers de poissons: jamais le terme d’immersion n’a été aussi approprié, même si celle-ci est ici destinée à créer un certain malaise face à la pêche intensive. Mais alors que l’eau et le ciel nocturne tendent à se confondre, que le travail des hommes semble parfois indéchiffrable, une beauté froide, hyperréelle jusqu’au baroque, se dégage malgré tout de ces plans chaotiques. Le combat sans fin de l’homme, des machines, de la nature, réunis dans une commune tragédie, a créé l’harmonie.» (Arte)
«Une œuvre d’une extraordinaire innovation formelle et d’une puissance visuelle, capable de souligner à chaque nouveau plan la nécessité pour tout projet de documentaire ethnographique d’axer ses préoccupations méthodologiques sur la manière de filmer quelque chose d’inconnu. Un film radical et novateur, un jalon dans le cinéma contemporain, dont on parlera longtemps.» (Locarno)
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